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Le billet d'humeur du prof

Le billet d'humeur du prof

Un regard sur l'école

RDP+ : Réseau de Déséducation Prioritaire renforcée

        Le label REP+ (Réseau d'Education Prioritaire renforcée) avait vocation à donner plus à ces élèves issus des quartiers défavorisés, et ce pour garantir la promesse de l'école républicaine. En réalité, derrière la question des moyens qui s'avère secondaire, la mission d'éducateur que l'institution est censé remplir, semble avoir été oubliée.

 

La fonction déséducatrice de l'école

 

        Mais d'où me vient cette idée selon laquelle l'école aurait une fonction déséducatrice dans les établissements classés REP et REP+ ? Tout de même, il n'est pas pensable que l'école puisse participer à déséduquer… Et puis, les parents ? Assument-ils seulement leur rôle d'éducateur ? C'est à eux que revient cette lourde charge en premier lieu. Il faudrait peut-être commencer par là...

 

L'éducation n'est pas une question de milieu social

 

        Le fait est que nombre d'entre eux sont démissionnaires. Tout est permis ou presque à la maison. A l'école, les enfants répètent en qualité d'élèves ce qu'ils pratiquent chez eux. Mais à y bien réfléchir, sont-ils si nombreux a permettre le chaos à la maison comme en classe ? Puis, au nom de quoi des parents socialement défavorisés seraient moins capables d'éduquer leurs enfants ? L'éducation n'est pas une question de milieu social.

 

Les différents catégories de parents

 

        Après quelques années d'enseignement, on parvient à distinguer différentes catégories de parents. Il y a ceux qui défendent leurs enfants coûte que coûte même s'ils sont conscients qu'ils sont capables du pire. Il y a ceux qui comprennent et imaginent bien que s'ils sont en face de nous, les actions de leur enfant y sont peut être pour quelque chose. Enfin, il y a ceux qu'on oublie, ceux qui prennent à cœur leur rôle de parents et apprennent avec effroi que dans la classe, leur enfant n'agit pas de la même façon que lorsqu'il est à la maison. Les parents menteurs mis à part, force est de constater que nombre d'entre eux sont honnêtes. Ils vous expliquent que leur enfant est sage, respectueux et poli à la maison. Mieux encore, ils n'entendent même plus leurs enfants une fois qu'ils sont dans leur chambre. Mais alors, que se passe-t-il à l'école ?

 

Les couloirs de la honte

 

        Arrivé au collège, l'enfant sage prend ses marques, testes les limites. Les limites de ses parents, il les connaît. Désormais, il doit mettre à l'épreuve l'exigence des adultes de l'établissement classé éducation prioritaire, comprenez espace bienveillant factice à souhait. Il constate que les élèves peuvent pousser des cris d'animaux, courir, gesticuler, s'insulter et se battre dans les couloirs. Il observe et il attend.

 

        Rien. Pas ou peu de conséquences.

 

Le code de l'élève

 

        D'abord étonné, il comprend vite que l'école finalement, à l'inverse de la maison, c'est peut-être le lieu de tous les possibles. Ici, maman et papa ne sont pas là. Les règles ont changé. L'enfant est roi. Mais pas si vite, il faut apprendre le code. Le code de l'élève pour pouvoir s'en sortir en toutes circonstances. Surtout quand on veut pouvoir déraper en toute impunité dans une salle de classe. Après les couloirs, il faut savoir gérer l'espace dédié aux apprentissages. Une autre ambiance.

 

        Si l'on est convoqué chez le CPE, il faut savoir pointer du doigt l'injustice indéniable que l'on a subie et attendrir son interlocuteur. Une chose à ne pas oublier également, faire état de ses problèmes personnels. Une pointe d'émotion et le tour est joué. C'est le moment ou jamais. On vous écoutera. Non pas que cela intéresse l'auditoire, mais cela lui permet d'avoir les armes pour justifier une punition ou une sanction clémente ou que dis-je ? L'absence de sanction. On est bienveillant ou on ne l'est pas ! Il faut choisir son camp.

 

L'illusion

 

        Ainsi, à l'école, l'enfant désapprend les règles de bonne conduite et croit que cet établissement public ressemblera à son milieu professionnel de demain. C'est là le plus grand tort des établissements REP et REP+ : illusionner les élèves en leur faisant croire que la bienveillance tantôt idéologique tantôt conséquence de la paresse généralisée, est sincère alors qu'elle est en réalité le signe du mépris conscient ou inconscient de l'institution et de ses acteurs.

 

        Mais ne vous y trompez pas ! La déséducation ne se limite pas aux murs des établissements classés. Un laisser-aller s'installe progressivement sur tout le territoire et à mesure que l'indiscipline croît, le niveau des élèves baisse.

 

 

        Il ne s'agit pas là de nous ôter de l'esprit que les parents participent à la situation dans laquelle l'école se trouve aujourd'hui mais de rappeler que les torts sont partagés avec tous les acteurs qu'un établissement scolaire compose. Pire encore, la mise en œuvre de cette bienveillance artificielle parvient à aller à contre-courant de l'éducation rigoureuse inculquée par certains parents responsables.

 

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